En premier lieu, j’avais envie de faire un article sur les diktats autour de la maternité. Il me semble important de partager mon ressenti par rapport à ce que j’ai moi-même vécu.

Après ton mariage ou face à une horloge biologique qui sonne l’heure tel un glas au-dessus de ta tête, tu as souvent dû entendre en boucle la même chose que moi : « Alors, et le bébé, c’est pour quand ? » Au début, tu n’y prêtes pas vraiment attention. C’est la question bateau à laquelle tu t’attends. Elle va de soi. Elle est comme qui dirait « logique ». Puis au fil des mois voire des années, cette même question revient, de plus en plus pressante de la part des curieux, de plus en plus oppressante pour celui ou celle qui la reçoit. Jusqu’au jour où elle commence vraiment à peser et à devenir un vrai fardeau. Que ce soit de la part de la famille, des amis, des collègues ou même parfois de parfaits inconnus, la question se transforme au fur et à mesure en « Alors, toujours pas de bébé ? ». Voyant que l’annonce ne vient pas, tu entends « Mais vous ne voulez pas d’enfant ? ». Là, ça devient presque gênant. Au début, tu réponds « On se laisse le temps » ou « Oui, c’est dans nos projets ». On cherche à se justifier…alors qu’on ne devrait pas avoir à le faire ! On finit par traduire ces remarques dans nos têtes et à les interpréter de manière assez violente. On semble nous dire « Bah alors, qu’est-ce que t’attends ? Dépêche-toi sinon tu vas rater ta vie ! », « Sans enfant, tu ne seras pas heureuse ! » ou encore « Bah alors, où ça en est ? » comme s’il suffisait juste de vouloir un bébé pour qu’il arrive par une commande Amazon. Oups, la cigogne a raté sa livraison.

D’abord, il y a peut-être des personnes qui ne veulent pas d’enfant et auquel cas, il n’est pas dit qu’elles ratent leur vie pour autant. Bah non, le bonheur ne se restreint pas au cliché de la vie de couple, de la progéniture, de la maison, de la voiture et du chien.

Ensuite, il y a celles qui essaient désespérément de faire un enfant mais qui ne réussissent pas. Sans parler des femmes qui subissent des traitements hormonaux lourds physiquement et psychologiquement. Ce cas de figure me peine fortement car en plus de la tristesse engendrée par des tentatives infructueuses, les personnes concernées subissent une pression souvent maladroite et pas du tout consciente de l’entourage qui ne se doute pas du parcours du combattant qui peut être vécu. Le couteau est remué dans la plaie à longueur de temps. On finit par se sentir anormale, on culpabilise presque pour quelque chose qui ne regarde en fait personne d’autre que soi !

Il y a aussi ces femmes qui ne peuvent simplement pas avoir d’enfant et qui n’ont peut-être pas envie de l’afficher sur la place publique.

Puis il y a celles qui sortent -secrètement ou pas- d’une ou de plusieurs fausses couches et qui font leur deuil avant même de donner la vie.

Mais les femmes ne sont pas les seules concernées ! Les conjoints sont tout aussi impactés.

Il me tenait à coeur d’en parler pour avoir entendu moi-même pas mal de choses ces dernières années. Entre ceux qui nous harcèlent avec les mêmes questions, d’autres qui font leurs questions-réponses en disant « Alors, tu n’es pas enceinte ? Rien à annoncer ? Oh mais vous vous laissez le temps !  » et les gens qui passent par un tiers l’air de rien pour assouvir leur curiosité, on aura tout vu. J’ai même entendu des remarques comme « Tu n’en veux pas, tu as raison ! » (alors que je n’avais rien sous-entendu) ou des fonds de sarcasme tels que « Bah oui, les enfants de cette génération sont difficiles alors tu attends la génération suivante, ha ha… »

Attention, je ne dis pas qu’on ne peut pas en parler mais je pense qu’il faut le faire avec plus de subtilité et avec parcimonie pour que ça ne devienne pas LE sujet qui revient à tout bout de champ. Parce que cela peut être vécu comme une intrusion dans son intimité et qu’on ne montrera pas à quel point ça nous met mal à l’aise. Voilà pourquoi j’ai pris l’habitude de ne plus poser la question aux couples qui m’entourent, à moins que le sujet ne s’impose de lui-même et qu’il y ait une véritable envie de se confier. Parce que oui, on peut avoir envie de parler et de recevoir de la bienveillance si on en ressent le besoin. Ca fait toujours du bien. Mais ce ne sera pas systématique. Pas quand on entend la même question dix fois de suite.

Quand je parle des diktats de la société, je pense aussi globalement à ce que l’on entend tout au long de sa vie à savoir : « Alors, tu as un petit ami ? », « Vous allez vous marier ? », « A quand le bébé ? », « A quand un deuxième ? » etc comme s’il s’agissait d’étapes successives obligatoires et vitales. En gros, si tu ne passes pas par l’une de ces cases à la façon Jumanji*, on semble te dire « GAME OVER (perdu !) ». A contrario, on subit aussi de plus en plus les avis des protecteurs de la planète qui développent des slogans de manière à nous empêcher de procréer pour éviter la surpopulation et penser à l’avenir de l’humanité. En gros, on nous culpabilise sans arrêt, quoi que l’on fasse.

Je pense souvent à la situation suivante : et si je n’étais pas tombée enceinte ? Aurais-je encore droit à toutes ces questions récurrentes qui m’ont fait plus de mal que de bien ?

Eh oui, je profite de ce post pour annoncer que je vais bientôt devenir maman ! Allez, encore 10 jours maximum avant de rencontrer mon petit garçon. J’en suis très heureuse car nous l’attendions depuis longtemps (tu vois, je me confie à toi, lecteur.rice) !

J’ai « hâte » d’entendre tout autour de moi les conseils avisés et contradictoires de notre société qui voudra me faire croire qu’un mode d’emploi existe pour devenir la mère parfaite ! Du coup, j’espère partager avec toi mes hauts, mes bas, mon expérience de maman parfaitement imparfaite et qui fera juste de son mieux. 🙂

MRomantica (ou la Maman Romantica)

*film qui met en scène des personnages aspirés dans un jeu vidéo